Plan de gestion 2011-2017. Site naturel protégé de la Tourbière de l’Abîme. Commune de Cleurie (88)
Auteur : Bochu (Marine)
Année de publication : 2011
Publication : Rapport d'étude CEN Lorraine
Pagination : 1-29 + annexes
Résumé :
La Commune de CLEURIE (Vosges) appartient au bassin de la rivière éponyme, la Cleurie. Deux sites ENS88 d’intérêt régional identifiés sur ce ban communal ont rejoint le réseau Espaces Naturels Sensibles du département des Vosges depuis 1995 : · l’ENS n° 88*T69 l’Étang de l’Abîme; · l’ENS n° 88*F69 Rochers de serpentine à la Charme, vallon de Germainxard, distante de la précédente de 3 km. Le territoire de l’ENS l’Étang de l’Abîme (orthographié Étang de la Bime dans les matrices cadastrales) représente une enclave privée de plus de 9 ha en forêt domaniale entre 778 et 785 m d’altitude près du lieudit la Grande Charme. Cet ENS appartient au plateau de grès qui marque le sommet du massif du Fossard dans l’interfluve entre les ruisseaux du Barba (au nord) et de la Cleurie (au sud). Des glaciations de plateau anciennes (Mindel) ont incisé des dépressions humides dans les grés bigarrés triasiques (Buntsandstein) avant d’y déposer des placages de moraines de fonds. Elles ont néanmoins épargné quelques tables gréseuses qui dominent les dépressions tourbeuses de 10 à 20 mètres. Des tourbières à sphaignes d’âge holocène ont accumulé des dépôts tourbeux dans ces dépressions imperméabilisées par des dépôts glaciaires, notamment sur deux sites du réseau ENS 88, la Tourbière de la Grande Charme, qui a déjà fait l’objet de deux plans de gestion successifs et la Tourbière de l’Abîme qui fait l’objet de ce document. Cette tourbière haute occupe une cuvette à faible déclivité et à faible amplitude altitudinale (10 à 20 m) dans une petite tête de bassin tributaire du ruisseau d’Eloyes qui conflue avec la Moselle. Pendant la dernière guerre (cliché ci-contre), la tourbe était exploitée pour alimenter les chaudières des usines. Après la dernière guerre, elle a servi à la fabrication de godets horticoles avant d’être replantée en épicéas. Elle a donc été fortement perturbée et a perdu des volumes de tourbe considérables. La tourbière a cependant démontré une forte résilience car les sphaignes l’ont recolonisé et ont recommencé accumuler la tourbe. A l’exception d’une fosse centrale inondée trop profonde, les anciens culots de tourbage ont été colonisés par des communautés végétales pionnières sur tourbe (communautés de sphaignes rouges turfigènes) puis par des stades initiaux de tourbière haute active. Par contre les parties hautes épargnées par l’exploitation l’ont été par des boulaie pessières et pineraies sur tourbe. Ce massif est redevenu très forestier après les phases de déprise agricole qui ont suivi les deux dernières guerres. Enjeu avifaune forestière : L’avifaune forestière mentionnée par l’annexe I de la Directive européenne "Oiseaux" représente l’enjeu majeur de ce site : Tétraonidés, Pic noir et Pic mar, petits rapaces nocturnes. Enjeu habitats et espèces inféodées aux tourbières Malgré leur cicatrisation en cours, les habitats et espèces des tourbières représentent un enjeu un peu en retrait car ils sont moins rares que les espèces de la Directive "Oiseaux". On relève cependant plusieurs espèces patrimoniales dont la Cordulie arctique, l’Andromède à feuilles de Polium et le Rossolis à feuilles rondes. Enjeu archéologie industriel L’Abîme a connu une des dernières exploitations industrielles de tourbe du massif vosgien. En témoignent les fosses de tourbage, fronts de taille et tracés de chemins de wagonnets encore visibles. Plan de travail : La création de clairières en partenariat avec l’ONF et la pose de nichoirs avec le Groupe Tétras Vosges favoriseront l’avifaune patrimoniale (Tétraonidés, Strigidés…) ; Un petit barrage de hauteur décimétrique en travers du drain principal accélérera la restauration d’une tourbière haute active ; Le respect des vestiges de l’exploitation de tourbe conservera un patrimoine archéologique industriel ; Des suivis scientifiques pluriannuels permettront d’évaluer et de corriger au besoin les opérations de gestion.